Lorsque tu y réfléchis, tu te dis que ta vie est quand même bien ennuyeuse, bien banale. Cela fait six ans que tu bosses au même endroit, tu as quitté Folstown moins de dix fois en vingt-trois ans. Tu n’as eu que très peu de relations amoureuses ou même d’un soir. Tu te dis que tu aimerais changer cela. Faire comme Luke. Parcourir le monde. Changer d’horizons. Mais tu as un je n’sais quoi qui te raccroche à cette ville. Cette banalité et cette routine que tu aimes tant. Tu aimes te lever tôt le matin, croiser ta sœur dans la cuisine, l’embrasser, lui souhaiter une bonne journée, parfois même la déposer à l’école. Faire un peu de ménage et glander en attendant l’heure de ton service - chose que tu faisais maintenant en compagnie de ton colocataire clandestin. Puis partir, comme à l’instant, après t’être fait un minimum présentable. Tu portes une jupe et une chemise, comme la plupart du temps, ton tablier caractéristique à ton lieu de travail dessus. Ton long manteau sur les épaules car l’air se fait frais et tes fidèles Converse aux pieds, tes cheveux attachés. Tu chantonnes dans ta voiture avec la cassette qui joue. Folstown est une petite ville, mais dès que tu peux conduire ton Impala, tu saisis l’occasion avec plaisir. Hey Jude, don’t make it bad.. Tu continues à chanter jusqu’à ce que tu croises Béline, une de tes collègues, sur un banc, pas l’air très en forme et surtout pas très motivée. Tu jettes un coup d’oeil à ta montre. Tu es en avance. Tu te gares donc et vas t’asseoir auprès d’elle. Salut toi! Tu vas bien?